vendredi 14 novembre 2008

Maison de l’Iran - C. Parent et A. Bloc - Paris

Violence et puissance sont les grands principes de la Fondation Avicenne, plus connue pour avoir abriter la Maison de l’Iran. Le projet, initié par le Shah au début des années 60 fut dans une logique de représentation confiée à deux architectes iraniens, Moshen Foroughi et Heydar Ghiai. L’administration refuse le projet et obligent les deux architectes à revoir leur copie. Ils sollicitèrent à cette fin André Bloc, alors directeur de la revue « l’Architecture d’Aujourd’hui ». Ce dernier en « plasticien conseil » proposa la personnalité de Claude Parent pour mener à bien un projet dont il ne reste désormais plus que le programme. Aussi l’opportunité se présente de réaliser un manifeste architectural contre le rationalisme de l’époque.

Présence étonnante aux façades muettes d’inspiration néoplasticienne, dénaturée par quelques travaux et défiguré par une enseigne publicitaire, la maison de l’Iran se fait, ironie du sort, porteuse d’un message. A l’encontre du dogmatisme de Le Corbusier, qui, un peu plus loin, réalise la Maison du Brésil, elle exprime une autre forme d’occupation de l’espace. Les deux groupes de quatre étages, séparés par un espace vitré occupé par les appartements du directeur ainsi que par quelques chambres, sont suspendus à une « macro-structure » composée de trois portiques en acier. Le parti structurel est lié en parti à la mauvaise qualité du sous sol, qui comportant de nombreuses carrières, oblige de limiter l’impact des fondations.

Présence protubérante qui anime la façade, l’escalier inverse ses spires au niveau du « vide » intermédiaire. Expression d’une plastique sculpturale, cet élément perturbe la vérité structurelle du bâti. La Maison de l’Iran en exhibant son ossature répond aux intentions brutalistes alors en vogue outre-Manche à moins qu’elle ne relève d’une mégastructure fantasmée.

Avant-dernier bâtiment à avoir vu le jour au sein de la Cité universitaire, en 1969, la Maison de l’Iran est aujourd’hui inoccupée. L’œuvre avant-gardiste de Claude Parent attend des travaux de rénovation dont l’avant-projet a été confié à l’architecte Gilles Béguin. Claude Parent confit « laisser toute liberté sur les options qui seront retenues » en respectant toutefois la valeur intrinsèque du bâtiment et par-dessus tout son « esprit manifeste ».

vendredi 31 octobre 2008

Sculpture habitacle - A. Bloc - Meudon


La volumétrie sculpturale de l’église de Ronchamp choqua. Elle initia pour beaucoup un renouveau baroque de l’architecture. Une « réaction contre l’ennui, l’indigence, la monotonie » s’opéra dans les années 50 alors qu’un «nouvel académisme » se devait d’être combattu. La synthèse des arts prônée par Walter Gropius en 1919 n’eut pour certains guère de traduction concluante. En contestant le rationalisme architectural ambiant, André Bloc propose de « concevoir les formes construites avec l’œil du sculpteur » et d’aller ainsi plus loin que la dite synthèse.


Pour certain, névrose néoexpressionniste, pour d’autre parente de l’architecture organique, l’architecture-sculpture ne répond à aucun groupe ni aucune théorie. Le néologisme est attribué à Michel Ragon qui lui consacre nombre de chapitres dans ses ouvrages. Le bâti recouvre les spécificités architecturales d’habitabilité et de construction et les qualités sculpturales de plasticité et de symbolique.

André Bloc expérimente cette nouvelle orientation de l’architecture. En 1964 il réalise des « sculpture habitacle » faite de briques et de plâtre dans le jardin de sa propriété de Meudon. A partir d’une réflexion sur les espaces de circulation, André Bloc définit des cheminements qu’il applique à un espace non plus géométrique mais topographique qu’il étire, gonfle, déforme et perce en un « système d’interpénétrations » tout en préservant la continuité de la structure.

André Bloc déclara « que c’est la sculpture qui [l]’a aidé à bien comprendre l’architecture et l’urbanisme. C’est peut-être bizarre, étonnant, mais cependant vrai. » Alors que la plasticité de l’architecture est plus que jamais au centre de la production contemporaine, les réflexions proposés par ces architectes-sculpteurs sont plus que jamais d’actualité.

dimanche 26 octobre 2008

L’Ecole d’Architecture de la Défense – J. Kalisz - Nanterre

Proliférante, l’architecture imaginée en 1972 par Jacques Kalisz pour l’Ecole d’Architecture de Paris-La Défense est aujourd’hui menacée, les locaux, désaffectés.










La conception architecturale des unités pédagogiques se référait à une réflexion générale concernant les problèmes de relation, d’environnement et d’industrialisation. Il s’agissait pour l’architecte d’organiser des lieux favorisant les échanges entre étudiants et population environnante.














La problématique posée conduit Jacques Kalisz au parti architectural d’une structure horizontale proliférante. La démarche constructive adopte une combinatoire d’éléments par analogie aux combinatoires biologiques. « Notre cellule se décompose en noyau central (le carré du patio intérieur), un second carré construit sur les diagonales et un troisième parallèle au premier et double de dimension ». Les carrés en plan, de différentes dimensions, répondent au programme lancé. Les « cylindres », quant à eux, concentrent circulations verticales et sanitaires, « virus, [dans l’organisation spatiale] qui n’affecteront pas les cellules ».















Pour cette imbrication cellulaire aléatoire, seule l’ossature métallique, permettant des reports de charge qui ne sont pas toujours situés à l’aplomb des poteaux, est possible. Elle est ici garante d’un développement spatial extrêmement varié.














Parente des méga-structures, l’architecture proliférante réalise selon Candilis « le mariage de la Casbah et du Meccano ». L’école d’architecture de Paris-La Défense en est l’illustration.

Bienvenue

Pour inaugurer ce blog ayant pour vocation de souligner l'intérêt caché d'une architecture familièrement méconnue, celle des Trente Glorieuses à Paris et dans sa banlieue, j'ai décidé de revenir sur un exemple d'architecture proliférante aujourd'hui menacé : l'Ecole d'Architecture de Paris-La Défense signée Jacques Kalisz.